De fil en aiguille-bijoux et dentelles

Quand j'étais petite, on disait de moi " quelle jolie poupée ! "

Mon rôle ; sourire, obéir, me faire discrète, en bref " être sage comme une image "

Une image ne parle pas, il suffit de se contenter de la regarder

Mes deux frères passaient leur temps à se bagarrer et à se poursuivre

Dans toute la maisonnée, quand à ma petite soeur

Elle avait trouvé un moyen ultra efficace pour se faire remarquer

Et capter ainsi l'attention de sa mère

Elle passait son temps à chialer pendant des heures et des heures

Pour un oui pour un non, c'était " ouin, ouinnn, ouinn '

Et cela sans raison aucune, et cela énervait tout le monde

Sauf sa maman bien évidemment qui étant la cadette  dans sa fratrie elle aussi

Pouvait ainsi s'occuper d'elle et surtout s'identifier à son dernier BéBé

Qui avait maintenant 8 ou 9 ans, elle lui faisait prendre son bain

Comme si celle-ci était encore incapable de se laver et de s'habiller seule

Ainsi je garde ce sentiment-là étrange, d'avoir été la seule enfant sage

De cette famille de criards et de cinglés, avec une mère dépassée

Et sans la présence du Père, celui qui, en principe est là pour Rétablir un semblant d'ordre

Quand il le faut, si besoin est, mais là personne car mon père ne supportait pas tout

Ce cirque, lorsqu'il débarquait à l'improviste à la maison et je le comprends !

Ma mère aussi en a eu assez et elle a décidé de retravailler

Et de foutre le camp toute la journée, nous laissant nous dépatouiller entre nous

Ainsi elle pouvait s'enrichir, loin de ses sales gosses, au sens propre comme au figuré !

Mais un beau jour, j'en ai eu assez d'être une petite fille parfaite

Car je faisais des cauchemars toutes les nuits,

Des intrus terrifiants encerclaient la maison

Et je me retrouvais " à l'envers " c'est-à-dire tout au bout de mon lit

Littéralement pétrifiée, et je me balançais pour tenter de retrouver le sommeil

A cette époque-là déjà, je ne connaissais pas cette sécurité intérieure essentielle

Dont chaque être humain normalement constitué a  besoin pour se construire

Alors je me débrouillais seule, me balançant la tête sur l'oreiller afin de m'auto- bercer

Et puis, en grandissant j'ai rencontré " le diable ", celui qui m'a incité à me droguer

A partir de ce jour-là, ma vie, mon adolescence furent anéantie,

Fini la danse et mon tutu, fini l'école et mes devoirs

Mais je gardais le sourire, car je savais qu'il s'agissait du rôle qui m'avait été distribué

Par " hasard " comme lorsqu'on distribue les cartes lors d'un " jeu " de société ?

Plutôt un " drôle de jeu d'ordre familial "  je devais être la Ratée de quelque chose mais Quoi ? Qui m'a incitée " inconsciemment " bien sur à sécher l'école, à stopper net la course de ma vie comme de mes rêves ?

 Ma mère ? Ma grand-mère ? Je ne me souviens plus,

Une poupée n'est pas faite pour réfléchir, juste pour être jolie ..

Sourire et Obéir, être docile et surtout, se taire

Fermer sa bouche sauf pour manger, car manger reste l'unique préoccupation

De ma mère, avoir la tête vide mais l'estomac plein, c'est  sa devise !